La prière rituelle de l’islam, la salât, est un don de Dieu aux hommes. Une faveur accordée au Prophète lors de son ascension nocturne, al-mi’râj. Dans ce livre consacré à la salât, Eva de Vitray-Meyrovitch décrit les modalités de ce qui constitue le deuxième pilier de l’islam après l’attestation de la foi en Dieu. Elle en décrypte méthodiquement les symboles, faisant ainsi ressortir le sens théologique et mystique de ce qu’elle nomme « La prière en islam ».
On peut définir l’islam par «la prière », à condition de l’entendre comme engagement de l’homme tout entier, au-delà des pratiques rituelles et cultuelles. Etymologiquement, islam vient du verbe aslama : « s’en remettre, s’abandonner à Dieu. » C’est par cette idée qu’Eva de Vitray-Meyrovitch, l’une des plus grandes islamologues françaises du XXe siècle, introduit cet ouvrage de spiritualité.
L’islam ne porte ni le nom d’un fondateur ni celui d’une région géographique, il se définit comme une attitude à l’égard du Créateur, une soumission à Dieu. Alors que la Création tout entière glorifie Dieu, l’homme est libre de prier, d’exprimer sa soumission malgré le pacte primordial d’obéissance établi, dans la pré-éternité, entre Dieu et lui.
Si le christianisme se réfère à la personnalité du Christ, l’islam se fonde sur une écriture sacrée, mise en pratique et transmise par le prophète Muhammad : le Coran. Un texte sûr et authentique, car le scripturaire transcrit, sous l’ordre du Prophète, est le même entre nos mains ; lu par plus d’un milliard de musulmans comme s’il leur était révélé à chacun.
Ce Coran est-il une œuvre purement humaine ? A cette question, Eva de Vitry-Meyrovitch n’hésite pas à citer Alphonse de Lamartine qui, dans « L’histoire de la Turquie, II », expose brillamment les qualités de Muhammad, un homme exceptionnel, un humain surhumain.
Outre la profession de foi (shahâda) qui atteste que « Point de divinité si ce n’est Dieu et que Muhammad est l’envoyé de Dieu », la vie du musulman requiert des pratiques rituelles prescrites par le Coran, et donc obligatoires : la prière (salât), le jeûne du ramadan, la purification des biens (zakat) et le pèlerinage à la Mecque (hajj).
Pour traiter de la salât, Eva de Vitry-Meyrovitch puise dans les enseignements des grands mystiques soufis pour trouver le sens des différents actes de la prière afin de purifier le cœur et trouver le chemin vers Dieu. Elle décrit l’orant au cours de sa prière rituelle et commente les mots récités, comme dans un livre de jurisprudence mais avec une spiritualité aboutie. Elle montre que la récitation de versets coraniques dans ce rituel est une véritable communion avec la parole divine et non un simple usage liturgique.
En plus de la prière quotidienne, le livre aborde la plupart des prières régulières. Il traite aussi des invocations de circonstance que le musulman doit pratiquer ou dire : office du vendredi, fêtes de l’aïd, prières du ramadan appelées Tarawih, prières et invocations du pèlerinage, etc.
De merveilleuses oraisons et de poésies des mystiques soufis, notamment Djalâl-ud-Dîn Rûmî, viennent en point d’orgue à ce livre destiné aussi bien au curieux de l’islam qu’au chercheur de vérité en quête de textes de méditation.